L’homosexualité dans le Lévitique (1) : un peu d’Histoire !
La condamnation la plus claire de l’homosexualité dans la Bible apparaît à deux versets du livre du Lévitique :
- Lévitique XXVIII/22 : "Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est un abomination."
-Lévitique XX/13 : "Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux."
Il faut objectivement admettre que ces énonciations sont sans équivoques pour condamner l’homosexualité. Ce sont les allusions les plus explicites, mais pas les seules, de la Bible à l’homosexualité. Nous aurons le temps d’en faire le tour ultérieurement. Bien entendu, on pourrait s’acheter bonne conscience en se disant que ce ne sont que les hommes qui sont visés. Mais sur ce point comme sur beaucoup d’autres, il s’agit d’une influence du contexte historique. Dans la société antique, le saphisme était déjà condamné, puisque la femme ne pouvait avoir un rôle actif dans une relation sexuelle. Elle était là pour s’occuper du foyer et assurer une descendance à leur époux.
Je parlais du contexte historique parce qu’il faut bien avoir à l’esprit que l’Ancien Testament (la Torah des Juifs), dont fait partie le livre du Lévitique, se veut la marque d’une rupture avec la société gréco-romaine. Or, dans celle-ci, l’homosexualité masculine était largement d’usage et même un signe de puissance et de pouvoir. Les romains possesseurs d’esclaves avaient le droit de pratiquer sur eux des actes de sodomie. Et les hommes de pouvoir de l’Empire pouvaient avoir des relations sexuelles avec des eunuques. Dans ce contexte, l’acte homosexuel devenait une humiliation pour celui qui n’avait pas d’autre choix que de s’y soumettre.
On pourrait dire que ces pratiques sont bien la preuve que l’homme est par nature bisexuel et que les désirs homosexuels sont tout à fait naturel !
Dans l’Israël de l’époque, la volonté était de créer une rupture avec la société en place. C’est très probablement pour cette raison que l’homosexualité est condamnée dans le Lévitique. La référence à la peine de mort n’est que la conséquence quant à elle de la condamnation de l’acte lui-même, la peine capitale étant monnaie courante à cette époque.
Le Nouveau Testament nous apporte un éclairage sur le fait que l’homosexualité est condamnée au même titre que d’autres pratiques fréquentes dans la société de l’époque et avec lesquelles le christianisme souhaite rompre. Il faut savoir pour cela que la cité romaine de Corinthe était réputée pour la corruption et l’immoralité qui y régnaient en maîtres. Ceci était largement encore le cas quand Saint Paul y a fondé une Église. Dans sa Première Épître aux Corinthiens (VI/9-10), il dresse la liste de ceux qui seront privés de Paradis : "Ne savez-vous donc pas que les injustes n’hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni les débauchés, les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les accapareurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les filous n’hériteront du Royaume de Dieu." Saint Paul voulait assurément faire pression sur les habitants de la ville qui semblaient bien massivement avoir été promis à un sombre avenir !
La nécessité de rompre avec la civilisation gréco-romaine est donc, comme en témoigne ce petit exemple, très largement présente dans les textes. Mais elle n’est aujourd’hui bien sûr plus d’actualité. Cette prescription concernant les homosexuels est tombée en désuétude, mais, contrairement à d’autres règles édictées par le Lévitique, aucun leste n’est lâché par les instances de l’Église à cet égard pour le moment.